Né le 27 février 1927 à Marseille, père Jacques Teissier a suivi enfant sa famille à Paris. Dans les années ‘50, il y rencontre le père Eugraph Kovalevsky, qui l’impressionne immédiatement par la force de sa vision spirituelle pour l’Église orthodoxe de France. Il achève avec aisance le cursus de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Denis. Le 5 novembre 1961, il est ordonné prêtre par mgr Jean Maximovitch.

Toute sa vie, père Jacques demeurera fidèle à ses deux saints protecteurs, mgr Jean Maximovitch et mgr Jean de Saint-Denis (Eugraph Kovalevsky), et à leur appel à restaurer l’antique Église en Europe occidentale. A ses début, il s’occupe notamment de la paroisse Sainte-Geneviève à Paris, tout en célébrant occasionnellement la liturgie à Nice ou Lausanne pour les besoins pastoraux des fidèles locaux. Il accompagnera Eugraph Kovalevsky dans de nombreux voyages pour l’Église de France : aux États-Unis auprès du Synode russe hors-frontières ou en Roumanie auprès du patriarche Justinien.

Durant les années 1966-67, suite à une grave hépatite, son médecin lui conseille de se reposer à l’étranger et il se fixe progressivement à Lausanne. Grâce à son arrivée, la paroisse Saint-Grégoire-Palamas connaît une belle dynamique. Durant 50 ans, il y effectuera un travail insatiable de transmission sur la tradition spirituelle orthodoxe, la lumière incréée, et la possibilité pour l’être humain de participer à la vie divine dans l’Esprit Saint. Père Jacques a beaucoup insisté sur la fidélité liturgique – la régularité des offices lui tenait très à cœur, il y puisait sa force pour sa vie personnelle en Christ. Pour lui, chaque liturgie était l’occasion de participer à la vie divine. Ses liturgies étaient toujours très vivantes et enjouées, il vivait intensément les prières liturgiques. En novembre, nous avions fêté ses 57 ans de sacerdoce. Il ne voulait manquer aucune liturgie. Il a célébré encore la divine liturgie le dimanche 16 décembre, à peine huit jours avant sa naissance au Ciel, à l’aube du 24 décembre 2018.

Père Jacques avait reçu de nombreux dons spirituels, parmi lesquels le don de prier pour les défunts. « Les défunts sont vivants », répétait-il souvent ; il les percevait à la chapelle et parlait de leur libération à travers la prière. Il demandait de vivre à la lumière de la Vie éternelle. Père Jacques avait aussi le don des larmes : en célébrant, en lisant l’Évangile, en regardant le visage d’une personne qui subissait une épreuve. Mais son plus grand don, c’était la prière. Il insistait beaucoup sur la nécessité de cultiver dans le cœur un climat favorable à la prière, de purifier son cœur, de rechercher le pardon et l’humilité. Une humilité qu’il conjuguait à un sens de l’humour à toute épreuve. Il aimait bien plaisanter.

Tous ceux qui l’ont connu savent à quel point sa vie était cachée en Dieu. A la fin de sa vie, bien que parmi nous, on sentait qu’il vivait déjà en partie dans le monde de la lumière sans déclin. Merci pour l’amour que vous nous avez donné, père Jacques, et puisse votre témoignage porter beaucoup de fruits !

Mémoire éternelle !